Les origines du projet

Les régions pachtounes du Sud et de l’Est de l’Afghanistan ont été les zones les plus instables du pays depuis trente ans, en particulier à la suite de l’invasion américaine du pays en 2001 et le renversement du régime des Talibans. De même, de l’autre côté de la frontière, au Pakistan, les deux provinces où vivent des Pachtounes, le Khyber Pakhtunkhwa (KPK) et le Balouchistan, sont secouées par la violence depuis dix ans. Non seulement le soulèvement des Talibans a eu de sévères répercussions sur la région, mais d’autres actes violents, tels que des conflits ethniques et tribaux, ainsi que des actes criminels, atteignent des sommets.

Il est temps pour la nouvelle génération de Pachtounes de se rappeler des idéaux de leur peuple et des personnages historiques qui ont vécu selon les principes de la non-violence et accompli de grands progrès. L’un de ces grands hommes est Ghaffar Khan, connu comme le « Gandhi pachtoune ».

 

Bacha Khan

Khan Abdul Ghaffar Khan (1890-1988) était un dirigeant politique et spirituel pachtoune, connu et respecté pour sa résistance non-violente à la colonisation britannique en Inde. Pacifiste toute sa vie, musulman pratiquant et proche du Mahatma Gandhi, il est aussi connu sous le nom de « Badshah Khan » qui signifie « le roi des chefs ». Khan était très proche de Gandhi, qui préconisait l’usage de méthodes non-violentes pour reconquérir la liberté de l’Inde. Ils éprouvaient l’un pour l’autre une grande estime et une amitié sincère, et travaillèrent de concert jusqu’au moment où l’Inde gagna son indépendance, en 1947. L’organisation des Khudai Khidmatgar, dont Abdul Ghaffar Khan était un membre actif, travailla en étroite collaboration avec le Parti du Congrès indien pour contrer l’empire britannique.

Toute sa vie, Khan n’a jamais perdu sa croyance dans l’efficacité des méthodes non-violentes et dans la compatibilité de l’islam avec la non-violence. Son amitié avec Gandhi était si forte qu’en Inde il était souvent surnommé « le Gandhi de la frontière ».

En 1985, il fut nominé pour le prix Nobel de la Paix. Il devint en 1987 la première personne qui n’était pas citoyen indien à recevoir le Bharat Ratna, la plus haute récompense civile décernée par l’Inde. A sa mort en 1988, il fut enterré à Jalalabad : malgré les combats violents qui s’y déroulaient à l’époque, les deux parties au conflit afghan proclamèrent un cessez-le-feu pour que la cérémonie puisse avoir lieu.

Le projet

Ce projet a pour but de sensibiliser la jeune génération de Pachtounes aux principes défendus par Abdul Ghaffar Khan, en concevant et mettant en œuvre une pièce de théâtre itinérant dans neuf provinces du Sud et de l’Est de l’Afghanistan. Les messages portés par la pièce incluent :

« La vie de service et de sacrifice menée par Bacha Khan, afin de dire aux jeunes générations et à la postérité qu’un homme de la stature et de l’envergure de Bacha Khan a existé un jour, un homme qui a vécu selon les principes qu’il considérait comme justes. »

« Bacha Khan était animé par la quête de la liberté pour les Pachtounes. Il voulait qu’ils servent l’humanité, et qu’ils jouent un rôle déterminant dans la politique du continent asiatique. Il haïssait l’esclavage et avait le cœur brisé lorsqu’il était confronté à la misère. C’était pour lui le sens de l’islam. C’était un grand militant. Ironie du sort, en cherchant à libérer le sous-continent de l’occupation étrangère, il a été privé de sa liberté. Et son peuple, les fiers Pachtounes, se sont vus refuser l’opportunité d’accéder à un véritable développement. »

« Dévoué corps et âme à sa cause, il devint indifférent à ce qui pouvait lui arriver.  Pour lui, il suffisait d’avoir compris qu’il n’y aurait pas de délivrance pour les Pachtounes sans apprentissage de la non-violence. Il était convaincu que les Pachtounes avaient été exploités et maintenus dans l’ignorance. Il voulait que les Pachtounes deviennent plus courageux que lui, et que son courage soit enrichi de savoir. Et cela ne pouvait être accompli que grâce à la non-violence. »

Pour donner corps à ces messages, il est essentiel d’adopter une approche de communication participative, grâce à laquelle les publics ciblés sont invités à se remettre en question et à analyser différemment leurs comportements.

En partenariat avec Sayara, la fondation Amanuddin a décidé de créer une pièce de théâtre itinérante sur la vie d’Abdul Gaffar Khan.

Le théâtre itinérant est l’un des modes de communication participative les plus efficaces en Afghanistan, et Sayara a joué un rôle unique et crucial dans son développement en redonnant vie à l’industrie du théâtre itinérant pour les élections présidentielles de 2004, essentiellement en recrutant des acteurs qui avaient connu un âge d’or avant l’avènement du régime des Talibans. Le théâtre itinérant donne du sens à l’opposition entre la violence et la non-violence pour une communauté, et c’est un premier pas pour s’engager de manière durable en faveur de la non-violence. En attirant une foule hétérogène, Sayara peut faire passer des messages de manière immédiate, et ce grâce à la performance.

Le public permet également à Sayara de gérer sans problème le suivi et l’évaluation du programme. Avant que la performance ne commence, Sayara conduit des discussions avec des groupes de référence formés de spectateurs, afin d’évaluer les connaissances initiales de la communauté, ainsi que les croyances existantes sur les principes et les valeurs qui constituent la non-violence.

Ensuite, chaque performance se termine avec un quizz qui évalue les connaissances du public après le spectacle. Le jour d’après, Sayara anime de nouveau des discussions au sein de groupes de référence, afin d’évaluer l’impact du spectacle. En comparant les réponses des groupes de référence avant la performance et celles des groupes après le spectacle, on parvient à une évaluation plus précise de l’impact réel de la performance, en termes de connaissances de la communauté sur la vie et les croyances d’Abdul Ghaffar Khan.

Avec l’expertise de Sayara dans le théâtre itinérant et le marketing social, nous pouvons stimuler la foule grâce au divertissement, motiver les spectateurs à devenir des agents du changement dans leurs communautés, et instiller un sens des responsabilités collectives afin de rendre leurs communautés sûres, prospères et non-violentes.

Campagne

La campagne sera mise en œuvre en quatre étapes :

  1. Conception
  2. Planification et préparation
  3. Exécution
  4. Suivi et évaluation

 

Conception

La fondation Amanuddin et l’équipe de création de Sayara, composée de chercheurs afghans expérimentés, de scénaristes et de scénographes, et sous la directive des experts internationaux de Sayara et du directeur de la création, commenceront par l’activité initiale de la campagne, la conception d’une pièce de théâtre itinérant centrée sur la vie et les valeurs d’Abdul Ghaffar Khan. Pour ce faire, Sayara déterminera un certain nombre de conditions favorables d’après des analyses et des évaluations effectuées dans différentes provinces et régions d’Afghanistan via son réseau régional. Cette analyse se concentrera sur :

  1. le rôle de la violence dans la vie des individus dans les zones ciblées
  2. les causes de la violence
  3. l’influence de la violence
  4. les atouts et les faiblesses des approches qui ont pour but de gérer la violence
  5. les bénéfices et les points qui restent à éclaircir
  6. qui cibler

En outre, la phase de conception s’appuiera également sur l’analyse des préférences du public, indispensable pour s’assurer du succès du projet. Il s’agira de prendre certaines précautions, comme :

  1. Créer un bon divertissement, afin de s’assurer de l’attention du public, sans que cela soit perçu comme exagéré
  2. Créer un contenu qui renvoie à des incidents réels, afin d’être au plus près de la situation actuelle dans les zones ciblées
  3. Le programme devra être adapté aux particularités culturelles, afin que le public puisse se sentir familier de certains aspects du contenu de la pièce, comme l’accent des acteurs, des plaisanteries typiques, des connaissances sur la région, etc. Ces aspects sont le facteur le plus important pour créer des outils de communication en Afghanistan, parce qu’ils peuvent jouer un rôle crucial dans le succès du programme, c’est-à-dire pour atteindre les résultats escomptés.

 

Planification et préparation

Une fois la phase de conception terminée, l’équipe de Sayara, en collaboration avec la Foundation Amanuddin, commencera les préparations et la planification de la campagne en elle-même. Les préparations seront synonymes d’activités telles que (liste non-exhaustive) :

  1. Le recrutement des troupes de théâtre dans les différentes régions, qui sont :
    • Loy Nangarhar (provinces de Nangarhar, Laghman et Kunar)
    • Loya Paktia (provinces de Paktia, Paktika et Khost)
    • Loy Kandahar (provinces de Kandahar, Helmand et Uruzgan)
    • L’écriture des scénarios et leur test
  2. L’organisation de répétitions pour les troupes (acteurs et metteurs en scène) lorsque les scénarios ont été testés et approuvés
  3. Le développement d’un plan de suivi et d’évaluation
  4. La conception d’une feuille de route pour les troupes de théâtre, comprenant une coordination avec les différents organes civils du gouvernement afghan et les forces de sécurité au niveau national et régional.

 

Exécution

La campagne de théâtre itinérant sera mise en œuvre en trois phases régionalisées. Trois provinces seront concernées dans chacune des régions. Les provinces seront regroupées en fonction de leurs similarités culturelles et sociales. Par exemple, les provinces de Nangarhar Kunar et de Laghman sont similaires, si ce n’est identiques, en termes de spécificités culturelles, sociales et tribales.

Pendant trois mois, les troupes vont assurer environ 75 représentations dans chacune des régions. Dans chaque région, 40% des représentations auront lieu dans les centres régionaux qui se trouvent dans l’une des trois provinces (par exemple Kandahar dans le sud, Nangarhar dans l’est et Pakita dans le sud-est), et 30% dans chacune des deux autres provinces.
En outre, Sayara recrutera des acteurs et des metteurs en scène originaires de la région où il leur sera demandé de jouer. Cela pour s’assurer que l’accent des acteurs est le même que celui du public, et que les acteurs et metteurs en scène savent ce qui fonctionne dans une région en particulier et pas dans d’autres. Les représentations seront filmées dans chaque région, puis le montage sera effectué par les équipes de Sayara à Kaboul.

 

Suivi et évaluation

Pré-évaluation
Avant que les représentations de théâtre itinérant ne commencent, des discussions au sein de groupes de référence seront menées afin d’évaluer les connaissances initiales des participants et leurs convictions concernant le sujet abordé dans la pièce.

Suivi et post-évaluation
Chaque performance s’achèvera avec un quizz, au cours duquel les participants devront répondre à des questions qui serviront à évaluer leur compréhension de la performance. En outre, des discussions au sein de groupes de référence seront menées le jour suivant la représentation afin d’évaluer l’impact de la performance.
L’impact des performances sera évalué de deux manières :

  1. Le public a-t-il compris la pièce ?
  2. Le public a-t-il retiré quelque chose de la pièce qu’il pourra réutiliser dans sa vie quotidienne ?

La comparaison des réponses données au cours des discussions en groupes de référence avec celles données lors de la pré-évaluation servira à évaluer plus précisément l’impact réel des représentations, en termes de ce que le public a compris du sujet, et comment il se positionne par rapport à ce sujet.

De plus, pour que les participants aux groupes de référence ne soient pas influencés par ce que disent les autres, et pour éviter de leur imposer la pression de trouver « la bonne réponse », les formulations seront aussi ouvertes que possibles, et on ne posera pas les mêmes questions de manière consécutive aux participants.

Des questionnaires spécifiques seront rédigés pour les groupes de référence avant et après les performances : ils seront testés avant d’être utilisés sur le terrain.

Bacha Khan et la non violence

Partenaires

Peace One Day

Peace Jam

The Center for Mind-Body Medicine

Metta Center For Nonviolence

One Billion Act Of Peace

Off The Mat Into The World

United States Institute of Peace

The Center for Compassion And Altruism Research And Education

The Dalai Lama Foundation

Google

Sonima Foundation

YogaGlo

Mindful Schools

Search Inside Yoursel

Charter for Compassion